L’effet yo-yo et la mémoire métabolique

5 janvier, 2025 ,

Le début de la nouvelle année est synonyme de prise de bonnes résolutions et de changements des habitudes de vie pour plusieurs personnes. Les diètes populaires sont suivies dans l’espoir d’améliorer la santé et de perdre du poids. Par contre, conserver cette perte de poids est un défi considérable. Le poids perdu est souvent repris et une autre diète restrictive est mise en place. Lorsque le poids descend et monte de façon cyclique, on parle de l’effet yo-yo. Est-ce que cette difficulté à maintenir le poids perdu est seulement attribuable au style de vie et à la motivation?

Le corps qui se défend contre les changements de poids

Les obstacles physiologiques au traitement à long terme de l’obésité restent encore largement inconnus. Le corps semble lutter contre les variations de poids. Des hypothèses sont émises en lien avec des mécanismes physiologiques de contre-régulation pour préserver l’énergie (diminution des dépenses énergétiques, augmentation des apports et une altération de la communication entre le cerveau et les organes). Mais il y aurait peut-être plus encore.

Une recherche publiée récemment dans la revue Nature met en lumière le concept de ‘‘mémoire métabolique’’, un mécanisme par lequel le corps se souviendrait et tenterait de revenir à son poids antérieur. Pour cette recherche, les adipocytes (cellules qui stockent les graisses) ont été prélevés par biopsie chez 20 individus avec obésité mais sans maladie métabolique, avant et après une chirurgie bariatrique ayant causé une perte de poids substantielle (définie comme une réduction d’au moins 25% de l’indice de masse corporel). Ces données ont été comparées à celles d’individus n’ayant jamais eu d’obésité. Les résultats démontrent que l’obésité entraînerait des modifications dans les cellules et l’ADN des tissus adipeux. Ces modifications persistent même après une perte de poids importante.

Une partie de la recherche génétique présentée dans ce même article inclut des tests faits chez des souris obèses ayant perdu du poids et comparativement à des souris non-obèses. Encore une fois, on voit que la mémoire métabolique d’obésité persiste après une perte de poids, contribuant ainsi à la physiopathologie de l’obésité de rebond chez la souris.

La généralisation des résultats de cette étude est par contre limitée puisque les participants humains avaient tous subi une chirurgie bariatrique, traitement qui n’est évidemment pas accessible à tous. Ce type de chirurgie engendre également d’autres impacts sur le corps humain, par exemple sur le microbiome intestinal et l’absorption des micronutriments, en plus d’une perte de poids rapide contrairement à d’autres méthodes. De plus, il y a une limite dans la comparaison qui peut être faite entre les données sur les souris et les humains. D’autres recherches sont nécessaires pour éclaircir si d’autres traitements pour l’obésité pourraient effacer ou réduire cette mémoire métabolique.

Les dangers potentiels de l’effet yo-yo

Les risques des cycles de gain et de perte de poids ne sont pas toujours clairs dans la recherche. Certaines études ont identifié l’effet yo-yo comme un prédicteur de l’apparition du diabète alors que d’autres ne rapportent pas de lien entre les deux. Une association pourrait aussi exister entre les variations de poids à répétition et les comportements hyperphagiques, ou rages alimentaires.

D’autre part, la quantité de bonnes bactéries qui colonisent les intestins est réduite après avoir suivi une diète restrictive. En effet, une étude révèle une signature spécifique du microbiome (bactéries qui se trouvent dans les intestins) qui persiste après une perte de poids et que le microbiome pourrait avoir un rôle à jouer quant à la reprise de poids accélérée après une diète. Ces changements dans le microbiome suite à une diète (par exemple une diminution des niveaux de flavonoïdes) contribuiraient à la réduction des dépenses énergétiques menant à une prise de poids secondaire. Malgré cela, les gens qui désirent perdre du poids, ne devraient pas être découragés à le faire puisque les bénéfices peuvent dépasser les risques.

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Auteur

Tracy L’Allier Ebacher
Diplômée de l’Université Montréal, Tracy possède une maîtrise en recherche médicale de l’Université Griffith en Australie et est membre active de l’Ordre des diététistes nutritionnistes du Québec (ODNQ). Avec plus de 15 ans d’expérience, elle aime transmettre ses connaissances sur l'alimentation de façon simple et imagée afin de vous soutenir dans l’atteinte de vos objectifs de santé. Son approche allie plaisir de manger, alimentation intuitive et en pleine conscience. Tracy se spécialise en nutrition adaptée pour les maladies chroniques, perte de poids, santé gastro-intestinale, végétarisme et véganisme.

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