Le dernier billet montrait un lien entre la carence en vitamine D et la maladie d’Alzheimer. Ce constat nous amène à nous poser la question: D’où vient cette maladie? Les experts ont cernés des facteurs de risque, mais les causes… y a-t-il des chercheurs qui s’intéressent à l’origine des maladies?
Oui, certains chercheurs s’intéressent aux causes, mais il faut savoir d’emblée que ces recherches sont très laborieuses et, surtout, difficiles à subventionner. Comme elles ne mènent jamais au développement de produits commercialisables, peu d’organismes subventionnaires y pourvoient. D’ailleurs, avec le dernier budget du gouvernement canadien, cette situation va empirer puisque les subsides seront maintenant dédiés à la recherche ayant un volet industriel.
Une des thèses les plus intéressantes pour expliquer le développement de cette maladie est celle d’une cause virale. Depuis la fin des années 1990, des chercheurs ont identifié des virus présents dans le cerveau des patients atteints d’Alzheimer.(1,2) Normalement, le cerveau est protégé contre la pénétration des pathogènes par une barrière (barrière hémo-méningée ou hémato-encéphalique). Cette barrière n’est pas une structure propre, mais correspond plutôt à une spécialisation des cellules qui tapissent les petits vaisseaux sanguins, les capillaires du cerveau. Ces cellules de la paroi des capillaires sont un type de cellules épithéliales beaucoup plus restrictives quant à ce qu’elles laissent traverser que celles des autres capillaires. Elles protègent ainsi le cerveau contre les intrus tant bactériens que viraux, et même chimiques dans bien des cas.
Le premier virus identifié dans le cerveau des malades est le virus du feu sauvage (Herpes simplex virus type 1). Ce virus se localise normalement dans les terminaisons nerveuses près de la bouche lorsqu’il est en dormance, et s’active sous l’influence d’une baisse du système immunitaire, d’une fièvre ou même du soleil (à ce sujet, lisez Feux sauvages). Mais pourquoi est-il capable de migrer vers le cerveau et d’y pénétrer?
Il semble que le fameux gène allèle ApoE-epsilon 4, identifié comme un facteur de risque de la maladie d’Alzheimer, soit impliqué dans la pénétration de ce virus, et possiblement d’autres pathogènes, au cerveau. Ce gène contribue normalement au transport du cholestérol, mais la variante epsilon 4 affecte le mécanisme de transport et, de ce fait, augmente le risque de développer la maladie.(2)
De plus, des chercheurs ont trouvé plusieurs virus dans le cerveau des patients souffrant d’Alzheimer, alors que ce phénomène est plus rare chez les personnes âgées saines. On y a découvert des virus herpes de divers types ainsi que des cytomégalovirus.(3) On y a aussi retrouvé un tréponème, un type de bactérie de la famille des spirochètes (la bactérie responsable de la syphilis [Treponema pallidum] fait aussi partie des tréponèmes). Les tréponèmes ne sont pas tous aussi dangereux que la syphilis, certains sont d’ailleurs très fréquents dans la flore bactérienne buccale.(4) Judith Miklossy, directrice du Centre de recherche sur l’Alzheimer en Suisse, est une chercheure qui fait un travail admirable sur ce sujet.(5)
En 1980, des chercheurs publient leurs résultats concernant la découverte de taux anormalement élevés d’aluminium dans le cerveau de patients morts de la maladie d’Alzheimer.(7) Plusieurs ont alors affirmé qu’il s’agissait d’un artéfact (erreur dans l’analyse ou phénomène qui n’était pas là avant l’analyse, donc créé de toute pièce par le test). Mais malgré la controverse, cette thèse est encore présente dans les recherches. Nous savons que l’aluminium est un neurotoxique important et qu’il est présent dans le cerveau du patient atteint d’Alzheimer en concentration particulièrement importante dans les neurofibrilles, à l’intérieur des cellules, et dans les plaques amyloïdes, à l’extérieur des cellules.(8,9) D’ailleurs, dans des modèles animaux, on peut reproduire des dégénérescences similaires à l’Alzheimer grâce à l’aluminium.(9) Est-ce LA cause de l’Alzheimer? Probablement pas. Par contre, ce métal fait partie du portrait clinique et est donc vraisemblablement un facteur aggravant. D’ailleurs, comme pour les pathogènes, on peut se demander pourquoi l’aluminium se retrouve dans le cerveau des gens malades et pas dans celui des gens normaux?
Un autre métal lourd fait la manchette pour l’Alzheimer, mais aussi pour plusieurs autres dégénérescences neurologiques: le mercure, qu’il soit organique, comme dans les poissons, ou inorganique, comme dans les amalgames dentaires. Certains chercheurs pointent du doigt directement les amalgames dentaires.(10,11) Ici aussi, le gène allèle APOE-epsilon 4 est impliqué,(11) mais le mercure aurait également un mécanisme d’action direct sur la structure des neurones, des fibrilles et des plaques amyloïdes.
Peu de pistes nous sont offertes pour contrer ces causes possibles. Il n’existe aucune étude clinique sur la prévention de l’Alzheimer à partir de ces causes. D’ailleurs, il est probablement très difficile, voire impossible de faire une étude clinique suffisamment importante pour prouver qu’on peut empêcher une des causes possibles mentionnées plus haut. Alors, que pouvons-nous faire pour éloigner cette coupe de nos lèvres?
Dans un prochain article, je regarderai avec vous les pistes de solution, les divers gestes concrets et produits naturels qui représentent des outils plausibles de prévention et, peut-être, de traitement.
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