Le microbiote intestinal est composé de milliards de cellules microbiennes. Il joue un rôle important dans la modulation du système immunitaire, la digestion, le métabolisme des vitamines, la régulation de l’humeur et une variété d’autres fonctions clés liées à la santé et à la performance sportive. Dans les dernières années, un nombre accru d’études se sont intéressées à l’interaction entre microbiote intestinal et exercice, et à comment on peut potentiellement modifier le microbiote pour améliorer la performance sportive.
Il a été observé depuis longtemps que la pratique d’activité physique peut avoir un impact positif important sur la santé intestinale et augmenter la diversité du microbiote en bonnes bactéries. L’effet de l’exercice sur la santé intestinale peut varier selon l’intensité de l’exercice. Ainsi, une quantité modérée d’exercice aurait un effet positif sur la résolution des problèmes liés à la perméabilité et à l’inflammation intestinale, tandis qu’un exercice intense et soutenu pourrait avoir un effet délétère. On pense que les symptômes négatifs associés à un exercice intense sont principalement dus à une redistribution du sang qui provoque un manque de flux sanguin vers l’intestin – connue sous le nom d’ischémie intestinale – qui à son tour entraîne une augmentation de l’inflammation et de la perméabilité de l’intestin. La pratique modérée d’activité physique peut aussi améliorer le ratio entre les bactéries Bactéroides et Firmicutes, ce qui peut contribuer au maintien d’un poids santé.
Il est bien établi qu’il existe des différences considérables dans la composition et la diversité du microbiote entre les athlètes et les individus sédentaires, les athlètes ayant tendance à présenter des niveaux plus élevés de bactéries associées à la santé. Il est important de considérer que tous les types d’exercices ne sont pas égaux, certaines études suggérant qu’il existe des différences significatives dans le microbiote des athlètes participant à différents types de sports.
Des chercheurs se sont intéressés à savoir si la présence de certaines bactéries intestinales pourrait contribuer à améliorer la performance sportive. Par exemple, dans une étude, l’espèce de bactérie Veillonella atypica a été notée comme étant fortement enrichie dans les échantillons fécaux des coureurs de marathon. De plus, les chercheurs ont noté que lorsqu’ils supplémentaient des souris avec la bactérie V. atypica isolée des échantillons fécaux des coureurs de marathon, cela améliorait considérablement leurs performances sur le tapis roulant par rapport au groupe contrôle. Un mécanisme possible pour expliquer ce bénéfice serait que V. atypica pourrait augmenter le renouvellement du lactate et ainsi diminuer l’accumulation d’acide lactique dans les muscles.
Une façon de modifier le microbiote intestinal est via un supplément de probiotiques. Ceux-ci sont définis comme « des micro-organismes vivants qui, lorsqu’ils sont administrés en quantités adéquates, confèrent un bénéfice pour la santé de l’hôte ».
Des études ont montré une augmentation de certaines métriques de performance sportive chez les animaux et les humains suite à un traitement de probiotiques. Par exemple, une étude a révélé qu’une supplémentation de quatre semaines d’un probiotique de souche mixte a retardé le temps de fatigue des athlètes de 16 % en moyenne lors d’un test sur tapis roulant effectué dans des conditions de température chaude. Une autre étude a montré que lorsqu’une espèce particulière de probiotique, isolée du microbiote intestinal d’haltérophiles féminines de niveau olympique, était administrée à des souris sur une période de quatre semaines, elle améliorait considérablement le temps de nage jusqu’à l’épuisement ainsi que la force de préhension, soit la force manuelle.
Un autre mode d’influence sur le microbiote est l’utilisation de prébiotiques, qui sont définis comme « un substrat utilisé sélectivement par les micro-organismes hôtes conférant un bénéfice pour la santé ». Il s’agit de fibres alimentaires qui ne peuvent pas être facilement digérées directement par les humains et servent ainsi à nourrir certaines bactéries de l’intestin ayant un effet favorable sur la santé. La recherche sur les effets des prébiotiques sur la performance des athlètes est plutôt limitée et s’est jusqu’à présent largement concentrée sur les suppléments symbiotiques, qui sont une combinaison de probiotiques et de prébiotiques.
Bien qu’il n’existe actuellement aucune recommandation claire concernant les traitements de modification du microbiote pour les athlètes, il semble probable qu’il existe un potentiel substantiel et inexploité en ce qui concerne la modulation du microbiote intestinal et la performance sportive.
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